Un tas de pierre ?
Aussi appelé pierriers, les éboulis naissent du démantèlement et de la fragmentation de formations rocheuses en une multitude de blocs et rochers plus ou moins gros qui s'accumulent en chaos. Il s'agit de milieux plus ou moins instables, la mobilité diminuant généralement avec l’âge du biotope que l'on qualifiera alors d'éboulis fixés.
Soumis à une sécheresse importante, ces habitats faiblement végétalisés présentent peu de sol, qui plus est assez pauvre en nutriments. Dans ces conditions, très peu d’espèces y sont directement inféodées. Certaines plantes parviennent néanmoins à s'y exprimer, fortes des adaptations particulières qu'elles ont pu développées, par exemple un allongement du système racinaire, très approprié aux mouvements des éboulis.
La Dioscorée des Pyrénées (Dioscorea pyrenaica), une espèce endémique, rare et protégée, possède un tubercule enraciné sous les éboulis alors que sa tige se faufilent pour offrir des feuilles en cœur et des fleurs en surface. Lorsque les éboulis commencent à se stabiliser, des arbustes et des arbres peuvent progressivement s’installer, se superposant - surtout à partir des bordures - à une végétation très basse qui épouse les mouvements de ce milieux rocheux.
Côté faune, des lézards trouvent ici les conditions adéquates pour s’abriter et se nourrir ; 3 espèces endémiques peuplent les éboulis pyrénéens : le Lézard du Val d’Aran (Iberolacerta aranica), le Lézard de Bonnal (Iberolacerta bonnali), et le Lézard d’Aurélio (Iberolacerta aurelioi) qui font tous l’objet d’un Plan national d’actions.
Si les éboulis se rencontrent en nombre dans les massifs montagneux, il ne sont pas l’apanage des Pyrénées, beaucoup sont observables dans les gorges creusées par les rivières, sur des causses ou aux pieds d’éperons rocheux.
VULNÉRABILITÉ
DE L’HABITAT
> Piétinement, arrachage de la végétation
> Destruction et arrachage de la flore lors d'aménagements
> Difficulté de régénération de la végétation à force de passages répétés
> Perturbation de la faune, en particulier pendant les périodes de reproduction
ESPECE
VEGETALE
ESPECE
ANIMALE
ACTIVITES SPORTIVES
DU MILIEU ROCHEUX
Affectionnant les terrains naturellement accidentés avec des dénivelés, souvent en forêt mais aussi en montagne, l’enduro se pratique à vélo – assimilé au tout terrain cross-country et à la pratique du vélo de descente – ainsi qu’à moto, voire avec un quad, et consiste à parcourir des chemins balisés ou spontanés, en règle général non aménagés pour cet usage.
Popularisée à la faveur de compétitions se multipliant depuis les années 2000, cette activité de pleine nature vise principalement la performance sportive sans y associer une approche sensible des milieux naturels où elle se pratique. Se superposant aux pistes et sentiers de randonnée non prévus à cet effet, les tracés spontanés peuvent rejoindre les dessertes de terrains privés, des voies d’accès ouvertes à l’occasion de travaux ou bien réservées aux services d’urgence. Les conflits d’usages sont fréquents, à plus forte raison lorsque les pratiquants s’arrogent la liberté de sortir des voies existantes et de créer des tracés sauvages.
Risques d'impact
Sur les parcours les plus empruntés, l’enduro et les pratiques assimilées renforcent l’érosion des surfaces déjà nues quand les passages répétés via des tracés sauvages décapent progressivement les sols, malmenant la végétation en présence jusqu’à la faire disparaître. Les parcours sauvages peuvent traverser des espaces naturels remarquables méconnus – voire réglementés sans que l’information ne soit clairement perçue – alors que les richesses floristiques et faunistiques des milieux rocheux demeurent encore relativement insoupçonnées du grand public. Les risques de perturbations des espèces végétales et animales sont réels compte tenu du nombre croissant des pratiquants. Les nuisances sonores et les pollutions chimiques en lien avec l’utilisation de véhicules motorisés comptent aussi au rang des pressions qui s’exercent sur la flore et la faune de ces écosystèmes.
S’enquérir de l’éventuelle présence d’espèces végétales et/ou animales rares ou menacées sur le site de pratique ; le cas échéant, renoncer à son activité sur ce site ou s’astreindre à la faire cohabiter dans le respect de leurs cycles de vie (périodes de reproudction/fructification, nidification, etc.).
Préconisations
Emprunter les tracés déjà existants permet d’épargner les plantes, mousses, lichens – et rares champignons – qui ont la capacité de se développer dans des milieux rocheux, de même que la petite faune qui y vit. Ne pas procéder à des aménagements sauvages et engager une démarche de concertation avec les parties prenantes (propriétaires, gestionnaires, naturalistes, usagers) dans le cas d’un projet de tracé dédié aux pratiques d’enduro.
S’enquérir de l’éventuelle présence d’espèces végétales et/ou animales rares, protégées ou menacées sur le site de pratique ; le cas échéant, renoncer à son activité sur ce site ou s’astreindre à la faire cohabiter dans le respect de leurs cycles de vie (périodes de fructification, nidification, etc.).
Prise en compte de la biodiversité sur sites d’enduro
Inscrite au Code de l’environnement, la loi Lalonde du 3 janvier 1991 réglemente la circulation des véhicules motorisés dans les espaces naturels publics où le hors-piste est strictement prohibé. Des réglementations locales peuvent encadrer la pratique de l’enduro et loisirs assimilés sur certaines voies de l’espace public en vue de protéger les habitats naturels et les espèces sauvages qu’ils hébergent. Des chartes de territoire, à l’échelle d’un parc naturel régional ou d’une zone Natura 2000 par exemple, peuvent préconiser des bonnes pratiques visant à préserver le patrimoine naturel.